Démystifier les factures d’énergie et la gestion de puissance

L’énergie est distribuée et utilisée sous plusieurs formes. Qu’on parle d’électricité, de gaz naturel, de mazout léger (huile #2), de mazout lourd (huile #6) ou encore de propane, une chose demeure commune à toutes ces formes d’énergie : la facture. Au-delà de la somme inscrite sur ce document papier reçu la plupart du temps mensuellement, se cache un artifice de calcul. Ce dernier est rarement complexe, mais peut facilement le devenir pour une personne non avertie. Alors, comment faire pour savoir si nous payons trop ou si l’on possède le bon tarif par exemple? La section suivante vous aidera à mieux comprendre la facture d’énergie et ses particularités.

Dans l’objectif de simplifier l’exercice, une section portera sur le mazout (léger et lourd) ainsi que le propane, une deuxième portera sur le gaz naturel et enfin, la dernière section traitera de la facture d’électricité.

Mazouts et propane

Communément appelé huile à chauffage, le mazout léger (ou huile #2) et le mazout lourd (ou huile #6) sont des combustibles couramment utilisés comme est un combustible couramment utilisé comme source de chaleur, particulièrement là où le gaz naturel est absent. Son coût est directement relié au prix du baril de pétrole, rendant les prévisions budgétaires souvent hasardeuses. Il en va de même pour le mazout lourd ainsi que le propane.

En revanche, la facture reliée à ce type de combustible est souvent très simple à comprendre. Ce qu’il est intéressant de savoir, c’est que ces combustibles se stockent dans des réservoirs. La facture d’énergie est donc émise au remplissage de cette réserve. On y retrouve le coût au litre ainsi que la quantité de combustible transférée dans le réservoir.

Gaz naturel

Les usagers possédant le gaz naturel sont des usagers de Gaz Métro (ou de Gazifère pour l’ouest du Québec), le distributeur privé au Québec. Ce type de combustible est acheminé à l’utilisateur par un réseau de canalisation, éliminant par le fait même l’utilisation du réservoir comme méthode de stockage. Contrairement aux mazouts et au propane, la facture n’est pas émise lors d’une livraison, mais plutôt de manière mensuelle. Le prix de ce combustible n’est pas dépendant du prix du baril de pétrole, mais plutôt déterminé selon l’offre et la demande. Son coût est donc beaucoup plus stable que les autres combustibles fossiles.

Lorsqu’on observe le recto d’une facture de gaz naturel, on doit porter attention sur trois choses. En effet, on doit s’attarder sur le tarif, le volume utilisé (exprimé en m3) et le montant de la facture. En ce qui concerne le tarif, la majorité, voir l’entièreté des municipalités utilise le tarif D1 (tarif général). Ce dernier n’oblige aucune consommation de gaz naturel minimale, et se trouve particulièrement adapté aux clients l’utilisant uniquement pour le chauffage ou aux clients ayant un profil de consommation imprévisible. Le second tarif possible est le Tarif D3 (tarif à débit stable) qui demande d’utiliser un minimum de 333 m3/jour. Ce volume quotidien correspond à une facture mensuelle minimale d’environ 5 000 $ (à 0,50 $/m3), et ce, même en été. C’est d’ailleurs pourquoi il est improbable de retrouver ce tarif dans le secteur municipal. Il est intéressant de spécifier qu’un historique de votre consommation sur la dernière année vous est présenté sur cette face de la facture. On peut donc comparer rapidement notre consommation mensuelle avec celle de l’année, ou du mois précédent. Enfin, la dernière information importante et non la moindre : le montant de la facture, exprimé en dollars. Ce dernier est calculé à l’aide de plusieurs facteurs que l’on peut retrouver au verso de la facture.

Au verso de cette facture, se retrouve le prix de la molécule (fixé par le producteur), les opérations intermédiaires d’acheminement (transport, gaz de compression, etc.) et le coût de distribution de cette dernière (fixé par le distributeur). Il est important de spécifier que le distributeur local ne fait de bénéfices que sur la distribution du gaz naturel à travers son propre réseau, les autres coûts tels la molécule, le gaz de compression ou le transport jusqu’à son réseau vous sont transférés au prix coûtant.

Pour de plus amples informations au sujet de la facturation du gaz naturel sur le territoire québécois, veuillez visiter le site de Gaz Métro.

Électricité

L’électricité est la source d’énergie la plus commune au Québec. Elle est produite par Hydro- Québec, un organisme parapublic responsable de la production, du transport et de la distribution de cette source d’énergie sur le territoire québécois. Contrairement aux combustibles fossiles tels les mazouts ou le gaz naturel, on ne peut stocker l’électricité dans des réservoirs ou un réseau. Elle est produite selon la demande, c’est pourquoi la notion d’appel de puissance fait partie intégrante de son système de facturation.

La quantité et la forme sous laquelle cette énergie est consommée varient énormément d’un établissement à un autre. L’instauration de tarifs accommodant ces différents profils permet une répartition équitable des coûts de service. Par conséquent, on retrouve des tarifs pour les clients résidentiels (Tarif domestique D), les clients d’affaires de petites puissances (Tarif G), de moyennes puissances (Tarif M) et de grandes puissances (Tarif L). On retrouve également des tarifs particuliers tels le Tarif G9 (pour les utilisateurs ayant des profils de demande fluctuant beaucoup dans le temps) et les tarifs pour l’éclairage public. Dans le milieu municipal, ce sont les tarifs d’affaires G, M et d’éclairage public que l’on retrouve le plus fréquemment.

Pour arriver à maîtriser les coûts d’électricité, il faut bien comprendre le système de tarification de ce service. En fait, le barème de facturation de l’électricité est fonction de la demande de pointe (kW) et de la consommation (kWh), tel que mentionné précédemment.

La facture d’Hydro-Québec est, tout comme celle de Gaz Métro, présentée en deux pages. On trouve sur la première les informations administratives tel le numéro de compte, le numéro de client et le montant total de la facture qui est envoyée mensuellement. Les informations techniques, celles permettant d’analyser la présence de pénalités ou de possibilités de gestion de la pointe sont présentes sur la deuxième page de la facture.

– Tarifications d’affaires G et M

 

L’appel de puissance constitue le premier des deux volets de facturation. Le client est facturé sur la plus élevée des pointes perçues par Hydro-Québec dans le mois, et ce, même si elle ne fut que d’une durée de quinze minutes. Ce qu’on entend par pointe, c’est la plus forte puissance électrique perçue par le réseau d’Hydro-Québec pendant une période de temps donnée (un mois normalement). Ce volet de facturation vise à financer les infrastructures mises en place pour approvisionner le client (plus la puissance est élevée, plus l’infrastructure est conséquente). La puissance à facturer est le plus grand nombre des quatre suivants :

  • Puissance minimale du tarif
  • 65 % de la pointe d’hiver
  • Puissance réelle demandée
  • 90 % de la puissance apparente

Le tarif G est le plus petit des tarifs d’affaires. On n’y facture que la puissance excédant 50 kW, au coût de 15,54 $/kW. Le tarif de moyennes entreprises (tarif M), lui, facture l’intégralité de la puissance appelée au prix de 13,44 $/kW.

La consommation d’énergie mesurée en kilowattheure (kWh) représente le second volet de facturation. Le coût unitaire du kilowattheure dépend du tarif et de la tranche de consommation, mais se situe entre 0,0319 $/kWh et 0.0878 $/kWh pour les tarifs G et M. Ces deux tarifs possèdent ce qu’on appelle des tranches de consommation. Ces dernières visent à favoriser les clients consommant plus d’énergie avec une méthode de facturation dégressive, c’est-à-dire que les premiers kilowattheures sont plus dispendieux que les derniers. Évidemment, le tarif de moyenne puissance (tarif M) bénéficie d’un tarif légèrement avantageux par rapport au tarif G, en raison de la plus grande quantité d’énergie achetée. Afin de simplifier la lecture, un tableau résumé des différences entourant les deux tarifs est présenté ici-bas.

Tableau 1: Survol de la tarification d’Hydro-Québec

Tarification HQ

Puissance

Consommation

($/kW)

Première tranche ($/kWh)

Deuxième tranche ($/kWh)

Tarif G

15,54 $/kW au-dessus de 50 kW

0,0878 $/kWh
les premiers 15 090 kWh

0,0485 $/kWh
pour la balance

Tarif G9

3,99 $/kW

9,12 $/kWh

Tarif M

13,44 $/kW

0,0446 $/kWh
les premiers 210 000 kWh

0,0319 $/kWh
pour la balance

Éclairage public

Aucune

0,0878 $/kWh

Les tarifs d’affaires possèdent également des clauses de pénalités pour les clients possédant un faible facteur de puissance ou utilisant de manière excessive l’électricité en période d’hiver. Ces pénalités ont été instaurées afin de sécuriser l’approvisionnement en temps de grand froid et de limiter les pertes d’énergie dans le réseau.

Le facteur de puissance (FP) est le rapport entre ce que produit Hydro-Québec (puissance apparente en kVa) pour un établissement et ce que ce dernier consomme en réalité (puissance réelle en kW). Un facteur de puissance de 90 % implique donc que le client ne paie que 90 % de l’électricité produite, et le 10 % résiduel est absorbé par le distributeur. Le réseau électrique de distribution s’en trouve donc sollicité artificiellement. Par ailleurs, c’est ce nombre (90 %) que doivent respecter les établissements aux tarifs G et M afin d’éviter toute pénalité. Par exemple, un client qui posséderait un FP de 80 % et une puissance réelle de 80 kW (donc 100 kVa produit par Hydro-Québec), devrait payer des frais de puissance pour 90 kW. Le client aurait par conséquent, une pénalité de 10 kW à payer sur une base mensuelle, s’il n’améliore pas son facteur de puissance.

Les pénalités en mode hiver ont été instaurées en avril 2011. Massivement installés dans les derniers quarante ans, les systèmes de chauffages électriques consomment énormément d’énergie en plus de solliciter de manière importante le réseau de distribution. Afin de sécuriser l’approvisionnement et d’éviter une surcharge de réseau en période de grand froid, Hydro-Québec a instauré un système de pénalités visant à décourager les clients d’affaires à chauffer via des équipements électriques. Le système est simple : 65 % de la plus grande puissance appelée pendant les mois d’hiver (décembre à mars inclusivement) devient automatiquement la nouvelle puissance minimale de facturation pour le reste de l’année. Concrètement, un établissement ayant un appel de puissance de 300 kW en hiver et un appel maximal d’été de 150 kW, s’en verra facturer 195 kW, et ce, même s’il ne l’a pas demandé.

Le facteur d’utilisation (FU), quant à lui, permet de déterminer l’efficacité avec laquelle l’appel de puissance maximal est consommé. Un facteur d’utilisation de 50 % impliquerait que la puissance maximale disponible (et donc facturée) n’est utilisée en moyenne que 50 % du temps. L’intérêt principal d’obtenir une valeur de FU accrue est de réduire le coût marginal du kilowattheure consommé. De surcroît, plus les frais de puissance sont faibles pour une quantité de kilowattheure consommée identique, plus le tarif dont on bénéficie est avantageux. Le consommateur a donc tout intérêt à bien contrôler les charges à l’intérieur de son bâtiment ou de son usine. En revanche, la fonction du bâtiment est à prendre en considération lorsqu’on analyse ce facteur puisqu’il est plus difficile d’obtenir un bon FU pour une bibliothèque qu’une caserne de pompier, où l’on travaille beaucoup plus longtemps dans une journée. Le FU est présenté en haut a gauche de la deuxième page de facturation.

– Tarification éclairage public

 

Le système de facturation de l’éclairage public est quant à lui beaucoup plus simple. En fait, seul l’horaire d’allumage varie au fil des saisons, puisque la puissance d’un appareil d’éclairage demeure constante dans le temps. Pour ces raisons, seule la consommation des luminaires est facturée au coût de 0,0878 $/kWh.

Pour de plus amples informations au sujet de la facturation de l’électricité sur le territoire québécois, veuillez visiter le site d’Hydro-Québec.

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