Les opportunités d’une gestion des émissions de GES pour les municipalités

Une démarche de gestion des émissions de GES découle de la volonté de la municipalité d’optimiser ses procédés, infrastructures et équipements municipaux. C’est l’occasion pour elle d’améliorer ses pratiques et d’adopter de nouvelles façons de faire plus efficaces.

La municipalité a un levier d’action unique pour permettre à ses citoyen(ne)s de vivre dans un environnement qui leur permette de réduire l’empreinte carbone de leur mode de vie. Les municipalités devraient considérer les changements climatiques dans l’élaboration de leurs politiques cadres telles que les schémas d’aménagement, les plans de déplacement et autres plans directeurs.

Une démarche de gestion des émissions de GES vise en premier lieu une réduction des émissions dans le cadre de la lutte contre les changements climatiques, mais elle aura des co-bénéfices économiques, sociaux et environnementaux, dont possiblement une meilleure maîtrise des consommations énergétiques.

Il est en effet important de remarquer que les émissions de GES sont souvent corrélées avec les consommations d’énergie. Ainsi, une mesure qui diminuera la consommation énergétique d’un équipement réduira par le fait-même les émissions de GES, mais également les coûts associés aux dépenses énergétiques pour cet équipement.

Tableau 1 : Coûts moyens par année pour la consommation énergétique des opérations d’une municipalité (Source : FCM & ICLEI Canada, 2011)

Note : Les moyennes présentées dans ce tableau sont des moyennes générales, basées sur les données fournies par les membres du programme Partenaires dans la protection du climat (PPC) dans le cadre de leurs inventaires d’émissions de GES. Ainsi, la taille de l’échantillon varie d’une catégorie de population à une autre selon le nombre de membres du programme PPC qui se trouve dans chaque catégorie. Certains échantillons étant plutôt petits, ceci explique la variation des dépenses présentées ici.

Prenons quelques exemples :

  • Bâtiments municipaux : L’ajout d’un système de télégestion avec des thermostats programmables dans un bâtiment permet de réaliser des économies sur les coûts de chauffage de l’ordre de 10 % (MRN, 2008-2013).
  • Véhicules municipaux : La formation des employé(e)s municipaux à l’écoconduite permet de diminuer la consommation d’essence des véhicules, et donc les coûts de carburant, d’environ 10 % (MRN, 2011).

Réduire ses émissions de GES en maîtrisant sa consommation énergétique permet donc de diminuer les risques associés à la dépendance énergétique. Cela rend les municipalités moins vulnérables aux variations des coûts de l’énergie, notamment ceux des carburants fossiles qui augmentent sans cesse.

Entreprendre une telle démarche peut également amener d’autres avantages, comme celui d’obtenir de l’information sur l’état de ses équipements et infrastructures à l’étape de l’inventaire des émissions de GES. L’étape de suivi des actions, indispensable, donne à la municipalité l’opportunité d’évaluer l’efficacité et la rentabilité des actions mises en place.

Prenons un autre exemple d’action amenant un avantage financier à une municipalité :

  • Matières résiduelles : Favoriser et encourager l’herbicyclage, qui consiste à laisser le gazon sur place après la tonte, permet de réduire le tonnage de déchets verts envoyé à l’enfouissement de 2 à 15 % (RECYC-QUÉBEC, 2010), et de réaliser ainsi des économies sur les coûts d’enfouissement.

De plus, les citoyen(ne)s dépensent à chaque année des milliers de dollars en énergie, représentant de l’argent qui souvent quitte la communauté. Améliorer l’efficacité énergétique et investir dans des énergies renouvelables locales peut donc être un bon moyen de promouvoir  le développement économique local par la création d’emplois et une plus grande rétention d’argent au sein même de la communauté.

Par ailleurs, certaines actions de réduction n’amènent pas nécessairement de bénéfice financier à la municipalité, mais peuvent être accompagnées d’autres co-bénéfices. C’est notamment le cas des actions visant à diminuer les émissions de GES dues au transport des citoyen(ne)s. En favorisant le transport actif et le transport collectif par exemple, les municipalités réduiront la circulation sur leur territoire, l’usure de leur réseau routier et amélioreront la qualité de l’air et donc la santé de leurs citoyen(ne)s.

Plusieurs municipalités à travers le monde ont une vision et des ambitions qui vont au-delà des cibles de réduction nationales ou régionales de leurs émissions de GES.  C’est notamment le cas de :

  • la  ville de Malmö en Suède, ancienne ville industrielle de 350 000 habitant(e)s, qui a comme objectif de devenir carboneutre en 2020 et de s’alimenter uniquement en énergies renouvelables en 2030 (Lawrence, 2013).
  • le village de Feldheim en Allemagne qui a réussi à atteindre la carboneutralité en construisant son propre réseau électrique et en s’approvisionnant en énergie à partir d’énergie éolienne, de biogaz et d’une fournaise à copeaux de bois. (Sustainability Solutions Group, 2014)
  • la commune de Samso, une île au Danemark qui compte environ 4000 habitant(e)s et qui vise à devenir autonome au niveau de sa consommation énergétiqueen développant l’énergie éolienne et des systèmes d’énergie communautaires, de même que des installations privées s’approvisionnant au solaire, à la géothermie ou à la biomasse. Elle a même mis sur pied une « Académie de l’énergie ». (Sustainability Solutions Group, 2014)

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