Pourquoi implanter un système d’énergie communautaire?

Le rôle du SEC en tant que système de gestion de l’énergie provient du fait que les gens, les bâtiments et les industries consomment de l’énergie à des tarifs et quantités variables selon le profil des usagers. En les reliant, ça permet de gérer la demande d’énergie de façon à offrir à la communauté des avantages :

  • économiques – création d’emplois, surtout en milieu rural, et revenus provenant de la vente d’énergie. Puis, la centralisation des équipements offre un meilleur contrôle de leur efficacité énergétique (en permettant de réduire les points de mesurage), de même qu’une maintenance préventive plus facile, plus performante et moins dispendieuse.
  • sociaux – densité urbaine améliorée.
  • environnementaux – réduction de l’utilisation de combustibles fossiles et, conséquemment des émissions de GES. À ce titre, les systèmes d’énergie communautaires connaissent depuis quelques années un nouvel engouement compte tenu des opportunités qu’ils offrent pour développer la production d’énergie d’origine renouvelable (biomasse, biogaz, etc.) et réduire par le fait même la dépendance aux énergies fossiles.

Pour être compétitive par rapport aux autres options existantes, la conception d’un SEC doit tenir compte des atouts et des faiblesses du territoire (besoins prioritaires, disponibilité de la ressource, coûts, etc.). Elle doit donc s’inscrire dans une réflexion globale de gestion durable de l’énergie à l’échelle du territoire concerné.

Historique et évolutions récentes des systèmes d’énergie communautaires :

Très en vogue en Europe pour chauffer les grands ensembles urbains construits durant la seconde moitié du XXe siècle, les réseaux de chaleur (appelés également chauffage à distance) avaient initialement pour objectif de fournir de la chaleur à bon marché malgré une part fixe relativement élevée compte tenu des investissements importants à la construction.

Dès la fin du XXe siècle, les premiers programmes de construction à très faibles besoins énergétiques remettent en question l’intérêt économique des réseaux de chaleur : le coût fixe payé par le client (*) apparaît trop important au regard des besoins de chaleur réels à fournir.

Les défenseurs des réseaux de chaleur mettent alors en avant un autre atout pour assurer leur pérennité dans les grands centres urbains. Ces réseaux permettent de valoriser d’importantes quantités d’énergie perdue, ou énergie dite « fatale », telles que : la chaleur produite par les usines d’incinération des ordures ménagères, la chaleur issue des raffineries de pétrole (opération de craquage et distillation), la chaleur issue du traitement des eaux usées, etc.

En dehors des villes, les réseaux de chaleur sont plutôt mis en avant comme un moyen de développer la production de chaleur d’origine renouvelable : chaleur issue de la combustion de la biomasse (biogaz inclus), géothermie profonde, solaire thermique et stockage intersaisonnier, etc.

Ces solutions nécessitent bien souvent un soutien financier de la collectivité afin d’encourager la production locale d’énergie, et leur coût global reste assez élevé bien qu’elles favorisent l’emploi et la valorisation des ressources énergétiques locales. Il arrive parfois que le réseau produise aussi de l’électricité (par cogénération notamment).

Lorsque le coût des autres options disponibles est élevé, les systèmes d’énergie communautaires peuvent rapidement devenir une importante source d’économie pour la collectivité tout en contribuant à sécuriser l’approvisionnement énergétique local, à développer l’emploi (filière du bois, énergie locale) et à réduire la dépendance aux énergies fossiles (pétrole, gaz).

(*) comme pour le gaz ou l’électricité, le coût de l’abonnement varie en fonction de la puissance souscrite.

Les principaux avantages d’un SEC sont :

Efficacité accrue – Lier les consommateurs à un SEC permet aux profils individuels de demande d’énergie de s’agréger et s’équilibrer afin de devenir une charge constante. En éliminant le besoin de charger, l’efficacité d’opération du système est augmentée et les coûts d’exploitation réduits.

Amélioration de l’environnement local – Les systèmes de réseau de chaleur peuvent utiliser une matière première qui auparavant était considérée comme un flux de matières résiduelles. Revelstoke  en Colombie-Britannique a réduit ses émissions de particules en utilisant les matières résiduelles de bois de la scierie de la municipalité.

Sécurité énergétique – L’utilisation de l’eau comme fluide caloporteur crée un dénominateur commun pour le transfert de chaleur. Une variété de combustibles et fournitures d’énergie peut être utilisée pour isoler le client de la volatilité du prix courant. Par exemple, District Energy St. Paul dans le Minnesota, fait appel au charbon, au pétrole, au gaz, à la biomasse et à l’énergie solaire pour alimenter son système au centre-ville, stabilisant ainsi le coût de fourniture du chauffage et permettant au propriétaire du bâtiment de planifier à l’avance. Au Canada, le Lonsdale Energy situé à Vancouver Nord utilise le gaz naturel et l’énergie solaire; Charlottetown utilise les déchets solides de la municipalité, le pétrole et la biomasse.

Utilisation réduite de combustibles fossiles – L’utilisation de matières premières dont la teneur en carbone est zéro ou faible peut permettre aux communautés de réduire leur consommation globale de carbone. Okotoks en Alberta recueille l’énergie solaire pour chauffer 52 maisons, remplaçant presque tous leurs besoins en gaz naturel.

Réduction du coût global pour la collectivité et les usagers – À moyen terme, un système d’énergie communautaire peut engendrer des économies importantes pour les usagers comme pour la collectivité : coût de maintenance et de renouvellement inférieur à ceux payés individuellement par chaque bénéficiaire du SEC s’ils avaient dû payer pour un système individuel.

Amélioration de la planification urbaine – Les communautés voient les SEC comme un outil de planification qui encourage la densification du noyau urbain. Des charges importantes à proximité les unes aux autres fournissent une base solide pour le SEC. La ville de Toronto ayant une capacité limitée à approvisionner son centre-ville en électricité, les promoteurs immobiliers doivent donc enquêter sur l’inclusion d’un réseau de chaleur pour les nouveaux développements du centre-ville.

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Chef d’équipe – Collectivités - Maisons, bâtiments et collectivités Ken Church
Ken Church
CanmetÉNERGIE
Ingénieur énergéticien Guillaume Porcher
Guillaume Porcher
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