Les étapes du projet d’efficacité énergétique

Lors de la conception d’un projet immobilier de construction neuve ou de rénovation majeure, les critères de performance énergétique et environnementale doivent être intégrés et spécifiés à plusieurs étapes :

1. Formulation des besoins et objectifs

La municipalité qui envisage de se doter d’un nouveau bâtiment doit en premier lieu mener une réflexion sur les besoins et les aspirations qui motivent la construction. La méthode à utiliser pour ce faire peut être relativement sommaire pour un bâtiment de petite envergure (moins de 1000 m²) ou de faible complexité (entrepôt ou garage).  La méthode devient plus complexe pour un bâtiment plus grand et présentant de multiples usages. Elle prend alors la forme d’un programme fonctionnel et technique (PFT).

Il existe plusieurs guides permettant de structurer la réflexion :

  • L’Ordre des architectes du Québec (OAQ) présente un guide méthodologique général sur la planification de projet.
  • La Corporation d’Hébergement du Québec, aujourd’hui intégrée à la Société immobilière du Québec (SIQ), a produit le Guide méthodologique dédié aux bâtiments du réseau de la santé et des services sociaux
  • Le Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine a produit un document de référence pour les institutions culturelles : Processus d’élaboration d’un projet de construction. Lors de la planification du projet, le programme permet à la municipalité d’établir les exigences relatives à l’organisation fonctionnelle, opérationnelle et physique des lieux envisagés.

L’élaboration d’un Programme fonctionnel et technique ou d’une démarche équivalente est l’occasion de formuler des objectifs de performance énergétique, que ce soit en termes d’économie d’énergie, de réduction des frais d’exploitation, de confort, de réduction des émissions de GES ou d’autonomie énergétique. Afin d’en arriver à un résultat de qualité, il est primordial de fixer ces objectifs et de viser à les atteindre tout au long du projet. Les architectes peuvent être d’une aide précieuse pour l’élaboration du PFT.

Cette étape peut aussi être l’occasion de choisir une certification en bâtiment durable qui intègre d’autres considérations environnementales comme l’économie d’eau potable, la gestion des eaux de ruissellement, l’utilisation de matériaux écologiques et la qualité de l’air intérieur.

2. Évaluation des coûts de construction

Lors de l’évaluation préliminaire des coûts, on peut comparer plusieurs scénarios de construction en vue d’atteindre les objectifs fixés, à la fois sur le plan fonctionnel et environnemental. Selon la volumétrie du bâtiment et les aménagements envisagés, la firme d’architectes sera en mesure de fournir des montants approximatifs pour les matériaux et l’exécution, alors que les ingénieur(e)s pourront évaluer les sommes à consacrer à la mécanique et l’électricité du bâtiment.

Pour intégrer les mesures écologiques de manière efficace et à moindre coût, il importe de considérer leur interaction avec les autres caractéristiques du bâtiment. À cette fin, les simulations énergétiques, permettent de comparer les sources d’énergie, les systèmes de distribution de chaleur, d’envisager la production d’énergie renouvelable sur le site et de tester différents seuils de performance de l’enveloppe. On peut ainsi comparer le coût et les mérites des différentes combinaisons. On n’oubliera pas de toujours garder en tête le coût de construction versus les coûts futurs d’opération.

3. Octroi de contrats de services professionnels/Appels d’offres

Lors de la sélection des professionnels, architectes et ingénieur(e)s, il faut avant tout s’assurer de respecter les règles (ex. : plafonds d’honoraires) qui régissent l’adjudication des contrats de services s’appliquant au projet. Des professionnels choisis de gré à gré peuvent être sélectionnés sur la base de leur expérience, notamment sur le plan de la conception intégrée et de la performance énergétique. Lors d’appel d’offres, un critère d’excellence technique spécifique aux enjeux énergétiques peut être intégré au document d’appel d’offres et au système de pondération et d’évaluation des offres tel que décrit dans le document du Ministère des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire (MAMROT) : Adjudication des contrats de services professionnels à exercice exclusif. Aussi, il vaut la peine de considérer un appel d’offres ‘combiné’, c’est-à-dire exigeant une équipe multidisciplinaire et intégrée, dès le départ. Il est à noter que cette façon de faire peut alourdir le processus d’appel d’offres et faire passer les seuils à des niveaux subséquents. Une alternative peut être de choisir les architectes et ingénieur(e)s séparément mais leur demander de collaborer dès le départ afin de bénéficier des avantages qu’offre la conception intégrée. Les implications d’une conception intégrée sont détaillées dans la prochaine section.

4. Conception et validation du projet

C’est à cette étape que le projet est conçu par les firmes d’architectes et d’ingénieur(e)s sélectionnées, en collaboration avec la municipalité. C’est une étape cruciale où les décisions se prennent et le projet est défini, idéalement en appliquant une approche de conception intégrée. C’est à ce moment qu’une simulation énergétique est réalisée, que des cibles de performance sont établies et que des sessions de travail dédiées, communément appelées charrettes, rassemblant les divers intervenants sont organisées.

5. Élaboration des plans et devis

Les firmes d’architectes et d’ingénieur(e)s sélectionnées procèdent à l’élaboration des plans et devis du nouveau bâtiment. Ils utilisent pour ce faire les documents émanant de l’étape de formulation des besoins et objectifs (le Programme fonctionnel et technique ou autre document plus succinct). Il est important de bien détailler la construction du bâtiment pour s’assurer de sa performance (ex. : pour éviter les ponts thermiques) et pour permettre à l’équipe de surveillance du chantier de contrôler la qualité.

6. Octroi de contrats de construction (entrepreneur)

Lors de la sélection de l’entrepreneur, les municipalités sont soumises aux dispositions législatives et réglementaires encadrant l’adjudication de contrats municipaux qui permettent également d’évaluer les offres de service en fonction de critères qualitatifs. Ces dispositions sont expliquées dans ce document du MAMROT : Régime général concernant l’adjudication des contrats municipaux.

7. Contrôle de la qualité lors de la construction

Exercer un contrôle de la qualité rigoureux lors des différentes étapes de construction est crucial pour atteindre des performances comparables aux modélisations énergétiques. La qualité des fenêtres, l’étanchéité de l’enveloppe ainsi que l’installation adéquate des systèmes mécaniques sont garants de bonnes performances. Le contrôle de la qualité peut être effectué par un(e) employé(e) du donneur d’ouvrage ou par un(e) expert(e) engagé à l’externe. Sur les projets visant une certification écologique du bâtiment, la firme engagée pour faire l’accompagnement a également un rôle à jouer sur le plan du contrôle de la qualité puisqu’elle s’assure du suivi sur les crédits sollicités et le pointage obtenu.

8. Mise en service (ou commissioning)

Une mise en service améliorée incluant le calibrage de tous les systèmes est souhaitable avant l’entrée en service du bâtiment, ceci afin de s’assurer que la performance du bâtiment est conforme aux prévisions et que l’équipe d’entretien est bien formée. Par la suite, un mesurage des flux en continu et l’utilisation optimale des contrôles contribuent à une utilisation rationnelle de l’énergie dans le bâtiment.

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Les experts derrière ce chapitre

Comité d’experts

Architecte, MOAQ, professionnelle accréditée LEED BD+C Vouli Mamfredis
Vouli Mamfredis
Studio MMA
Expert-conseil, B. Ing., M.Sc Francis Pronovost
Francis Pronovost
Écobâtiment
Ingénieur énergéticien Guillaume Porcher
Guillaume Porcher
Green e-motion

Mandat spécifique

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    AQAIRS
  • David Bérubé
    Quantum Énergie
  • Jean-François Baril
    AQME
  • Paul Dupas
    Écobâtiment
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    AQME
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    Écobâtiment
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    Écobâtiment
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    CCÉG
  • Sonia Veilleux
    Ambioner
  • Nicolas Lacroix
    Ecosystem

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