Les étapes d’un projet en mode traditionnel

Les étapes d’un projet en mode traditionnel sont les suivantes :

1. Définition de la portée du projet et des objectifs

Cette étape, qui s’apparente à un plan d’action, vise à caractériser le parc immobilier municipal qui sera visé par le ou les projets d’efficacité énergétique, à définir quels bâtiments sont à prioriser et quels sont les objectifs à atteindre. Elle peut être réalisée directement par le personnel de la municipalité. L’aide d’un consultant spécialisé peut par ailleurs permettre de mieux cerner les projets ou d’avoir une meilleure idée du potentiel.

Les objectifs de cette première étape sont les suivants :

  • Faire une analyse générale du parc immobilier et définir quels sont les bâtiments qui sont particulièrement énergivores. Généralement, cet exercice se fait en analysant rapidement la vocation du bâtiment, sa superficie et son intensité énergétique (kWh/pi2, GJ/m2 ou autre). En comparant ces données à des statistiques connues ou en comparant les bâtiments d’usage similaire entre eux, il est possible de déterminer quels sont les bâtiments qui sous-performent. Ces derniers auront une intensité énergétique de valeur moins élevée que les autres. Classifier les bâtiments par ordre de priorité et définir s’ils devraient faire partie d’un projet d’efficacité énergétique.
  • Dans les bâtiments sélectionnés, réaliser une estimation grossière des économies d’énergie et financières qui pourraient être réalisées par un projet d’efficacité énergétique. Cela est généralement fait en comparant les intensités énergétiques des bâtiments sélectionnés avec les statistiques. On peut alors avoir une idée du potentiel d’économie d’énergie. Par exemple, pour les immeubles de bureaux, les statistiques démontrent des intensités énergétiques moyennes de l’ordre de 1,0 GJ/m2 (25 kWh/pi2). Il est alors évident qu’un immeuble de bureaux avec une intensité énergétique de 1,5 GJ/m2 présente un potentiel intéressant d’économie d’énergie.
  • Définir les objectifs du projet et les paramètres financiers acceptables pour la municipalité. Par exemple, « Réaliser une réduction de la consommation du parc de 20 % », « Réaliser toutes les mesures d’efficacité énergétique rentables dans une période de retour sur l’investissement de 7 ans », etc. À cette étape, il est excessivement important de définir des objectifs réalistes associés à un budget conséquent. Les consultants en efficacité énergétique peuvent aider dans cette tâche.
  • Établir un premier portrait des aides financières disponibles auprès des gouvernements et distributeurs d’énergie.

 

2. Appel d’offres de services professionnels pour la réalisation d’une étude de faisabilité/Réalisation de l’étude de faisabilité

 

Le but d’une étude de faisabilité est d’établir avec plus de précision les mesures qui peuvent réellement s’appliquer à un bâtiment donné et d’en déterminer les implications techniques, les coûts et les bénéfices retirés. Ces informations permettront par la suite aux décideurs d’établir le projet d’efficacité énergétique en toute connaissance de cause.

Encore une fois, dépendant de l’expertise disponible à l’interne, il est courant que ces études soient réalisées par des professionnels en efficacité énergétique. Afin de s’adjoindre leurs services, il sera souvent nécessaire de procéder à un appel d’offres afin de :

  • Effectuer des relevés et étudier la documentation technique des bâtiments visés pour bien en comprendre l’opération et le fonctionnement
  • Décrire les bâtiments et leurs systèmes mécaniques et électriques
  • Établir le bilan énergétique et d’émissions de GES du bâtiment : cet exercice consiste à répartir la consommation d’énergie du bâtiment selon les divers usages et postes de consommation : chauffage, climatisation, ventilation, éclairage, eau chaude domestique, charges aux prises, etc. Un bon bilan énergétique permet de comprendre en un coup d’œil où va l’énergie dans un bâtiment donné et fournit une base solide pour réaliser des calculs d’économie d’énergie. Le bilan peut être effectué selon différentes méthodes : simulations énergétiques, analyse de la facturation, calculs par des méthodes d’ingénierie, etc.
  • Proposer des mesures d’économie d’énergie et établir les économies d’énergie et d’émissions de GES réalisables, les coûts d’implantation, les implications sur la qualité de l’environnement intérieur, les impacts environnementaux et les subventions admissibles. Effectuer des recommandations sur l’implantation des mesures
  • Mettre en évidence le potentiel pour implanter des technologies utilisant les énergies renouvelables
  • Monter, de concert avec les représentants de la municipalité, un projet combinant une ou plusieurs mesures proposées tout en respectant les objectifs d’économie d’énergie, de budget et de rentabilité. Une analyse financière du projet proposé peut être incluse pour les besoins décisionnels (période de retour sur l’investissement, valeur actuelle nette, taux de rendement interne ou autre)
  • Soumettre un rapport d’étude incluant toutes ces informations

Les professionnels voulant soumissionner pour réaliser de telles études devraient avoir une solide expérience en efficacité énergétique et des connaissances poussées en mécanique et en électricité du bâtiment. Ces qualités sont très importantes pour que les mesures proposées et les résultats avancés soient justes et réalistes. Si le projet découle d’une rénovation (immobilière ou fonctionnelle), il peut être intéressant de profiter de l’occasion pour améliorer la performance de l’enveloppe. Dans ce cas, il est adéquat d’assurer une expertise en enveloppe et assemblage.

Il est important de mentionner que ce type de contrat devrait s’octroyer plus sur la qualité et l’expérience des professionnels que sur leur prix de soumission, bien que les deux volets aient leur importance bien sûr.

Il est périlleux de donner une estimation ou une plage de coût pour une étude de faisabilité car cela dépend d’un ensemble de facteurs :

  • Le nombre de bâtiments et leur localisation
  • Le type de bâtiment et leur superficie
  • La complexité des systèmes mécaniques et électriques à étudier
  • Les exigences des simulations énergétiques ou les méthodes à respecter
  • Les exigences du propriétaire au niveau du rapport d’étude
  • Les objectifs du propriétaire au niveau de l’intégration des énergies renouvelables, de la période de retour sur l’investissement du projet, etc.

Suite à l’octroi du contrat à une firme de professionnels, cette dernière réalise les études avec la collaboration du personnel de la municipalité. Le résultat final de cette étape est normalement la livraison d’audits énergétiques des bâtiments touchés et le montage financier d’un projet pouvant être implanté par la municipalité et qui pourra être présenté au conseil municipal pour approbation.

3. Plans et devis pour l’implantation des mesures d’efficacité énergétique/Appel d’offres pour l’implantation des mesures

Certaines améliorations simples proposées dans les audits énergétiques peuvent être réalisées directement par le personnel de la municipalité ou par des ententes de services existantes. Par contre, plusieurs mesures plus complexes nécessitent la réalisation de plans et devis qui serviront à définir très précisément les travaux à réaliser et permettront à des entrepreneurs généraux et spécialisés de soumissionner pour l’implantation des mesures.

Cette étape comprend donc la réalisation des tâches suivantes :

  • Réalisation des plans et devis : se déroule normalement en plusieurs étapes (appel d’offres pour les services professionnels si requis, plans préliminaires, plans pour soumissions)
  • Lancement de l’appel d’offres : que ce soit public ou sur invitation, c’est à cette étape que les entrepreneurs prennent connaissance du projet et des travaux à réaliser. Cette étape dure généralement de deux à quatre semaines au terme desquelles la ville recevra des soumissions
  • Ouverture des soumissions et analyse
  • Octroi du contrat selon les règles énoncées lors de l’appel d’offres : qualité, prix, etc.

 

4. Implantation des mesures d’efficacité énergétique

 

Cette étape consiste évidemment à mettre en place les mesures d’efficacité énergétique sélectionnées. Selon l’ampleur et la nature des travaux, elle peut impliquer un entrepreneur général ou des entrepreneurs spécialisés (plombier, électricien, entrepreneur en ventilation, spécialiste en contrôles, spécialiste en isolation, etc.). Afin de s’assurer de la qualité des travaux et du respect des objectifs initiaux, les travaux sont normalement surveillés par la firme qui a réalisé les plans et devis, de même que par les représentant(e)s de la municipalité.

Cette phase se termine normalement par l’émission de l’acceptation définitive des travaux par l’ingénieur et la mise en marche du projet.

5. Mise en service du projet et formation des opérateurs(trices)

 

Bien que certaines mesures d’économie d’énergie soient très simples d’opération (par exemple les mesures de modernisation d’éclairage), d’autres mesures impliquent une programmation et une opération plus complexe. Pour ces dernières, la mise en service (ou commissioning) du projet est cruciale.

Cette phase consiste à effectuer de façon détaillée la mise en marche de chaque composante des systèmes mécaniques et électriques, la mise en service globale de ces systèmes et à s’assurer qu’ils donnent les performances attendues. C’est aussi à ce moment qu’on effectue tous les tests requis au niveau des débits d’air ou d’eau et des contrôles du système (paramètres, ajustements fins, opération dans les différents modes prévus, etc.)

Souvent négligée car en fin de projet, cette étape est pourtant une des clés du succès des projets d’efficacité énergétique. En effet, c’est par elle qu’on s’assure que les systèmes vont donner la performance attendue lors de l’étude et de la conception des mesures.

De plus, c’est à cette étape qu’il faut former les opérateurs(trices) au fonctionnement des nouveaux systèmes. En effet, la bonne performance des mesures d’efficacité énergétique est très souvent tributaire de d’une exploitation et d’un entretien adéquats. Selon la complexité, un programme de formation doit être développé et une formation appropriée doit être donnée. Par ailleurs, il est aussi important qu’une documentation adéquate sur le fonctionnement, l’opération et l’entretien des systèmes soit préparée pour en assurer la pérennité.

6. Exploitation et suivi énergétique

La dernière phase du projet est d’exploiter le bâtiment et ses nouveaux systèmes. Encore ici, on parle d’une étape cruciale pour atteindre les économies anticipées. Les nouveaux systèmes doivent être entretenus et opérés correctement pour atteindre la performance attendue et assurer leur durabilité.

En plus de l’exploitation, la mise en place d’un bon suivi énergétique (selon une méthode telle que le Protocole international de mesure et de vérification du rendement ou PIMVR) permettra de s’assurer de la pérennité des mesures implantées, voire de leur optimisation.

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Les experts derrière ce chapitre

Comité d’experts

Architecte, MOAQ, professionnelle accréditée LEED BD+C Vouli Mamfredis
Vouli Mamfredis
Studio MMA
Expert-conseil, B. Ing., M.Sc Francis Pronovost
Francis Pronovost
Écobâtiment
Ingénieur énergéticien Guillaume Porcher
Guillaume Porcher
Green e-motion

Mandat spécifique

  • Gilles Auger
    AQAIRS
  • David Bérubé
    Quantum Énergie
  • Jean-François Baril
    AQME
  • Paul Dupas
    Écobâtiment
  • Frédéric Genest
    PAGEAU MOREL
  • Jean-Philippe Jacques
    AQME
  • Paul-Alexandre Langlais
    Ambioner
  • Léa Méthé-Myrand
    Écobâtiment
  • Marie-Josée Roy
    AQAIRS
  • Marie-Ève Sirois
    Écobâtiment
  • Denis Tanguay
    CCÉG
  • Sonia Veilleux
    Ambioner
  • Nicolas Lacroix
    Ecosystem

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